Réussir son premier roman – VII : Le Synopsis

SE PRÉPARER…

Ça y est, vous avez votre idée ! Une bonne idée ! Quelque chose de novateur, quelque chose d’étonnant, quelque chose de touchant. En somme, une idée qui mérite que vous passiez des mois à travailler dessus pour l’offrir aux lecteurs.
La seconde étape sera alors de concevoir, sommairement, le déroulé de votre histoire. Attention, encore une fois, il s’agit ici de ma méthode de travail personnelle (je ne vais pas rappeler ceci tout au long de ces articles, mais il est important que vous compreniez qu’il n’y a aucun dogme, seulement une manière de faire parmi des milliers d’autres…). Certains auteurs se lancent directement dans la rédaction de leur livre sans passer par les différentes étapes préparatoires que je vais vous présenter ici, et c’est tout à fait légitime. Je pense toutefois – surtout pour des premiers romans – qu’une préparation solide en amont vous permettra de gagner du temps, de prendre de l’assurance et d’être plus efficace. Un pilote de course ne fait jamais son meilleur temps au premier tour de circuit. S’il connaît le trajet à l’avance, il sera plus efficace, anticipera les difficultés et mettra toutes les chances de son côté pour faire un joli record…

LE SYNOPSIS, C’EST QUOI ?

Le synopsis, c’est le résumé de votre roman. Il devrait faire entre une et quatre pages en moyenne. À ce stade, je préfère d’ailleurs parler de pré-synopsis car, pour être exact, le véritable synopsis de votre roman ne pourra être rédigé qu’une fois celui-ci totalement achevé. Ici, il s’agit donc d’imaginer à l’avance ce que le synopsis de votre roman sera au final.
Tout doit y être : le début, le milieu, la fin. N’ayez pas peur, rien n’est gravé dans le marbre ! Vous allez pouvoir modifier votre pré-synopsis aussi souvent que vous le voudrez, et cela vous arrivera sans doute, tout au long des différentes étapes de la création, peut-être même jusqu’à la dernière minute. Mais le rédiger en amont est déjà un bon moyen de voir le trajet que vous allez devoir faire suivre à vos personnages, les sujets que vous allez aborder, les lieux que vous allez décrire, et donc ceux sur lesquels vous allez devoir vous documenter…
Votre synopsis doit répondre à six questions aussi simples qu’essentielles : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Il doit mettre en évidence la structure globale de votre roman (quand commence-t-il, où s’arrête-t-il, bref, ce qu’on appelle « l’arc narratif »), donner une idée des personnages principaux et de leurs traits de caractère et, surtout, il doit déjà comprendre les grands mouvements du récit : intrigue, rebondissements, résolution. En somme, il s’agit d’un résumé assez précis de votre futur livre, comme si vous deviez le raconter à quelqu’un qui n’aurait pas le temps de le lire, mais qui aurait besoin de tout savoir à son sujet. Tout, y compris la fin.

CONNAISSEZ VOTRE FIN !

J’insiste bien sur ce point : connaître la fin de son livre est, selon moi, capital. À mon sens, on ne devrait pas commencer à rédiger un roman tant qu’on ne lui a pas trouvé une fin satisfaisante, car celle-ci aura un impact capital sur la construction de votre histoire. Un roman, c’est un voyage d’un point A vers un point B. Pour aller de l’un à l’autre, il y a déjà mille chemins possibles, parmi lesquels vous allez devoir choisir celui qui vous semble le meilleur. Mais si vous ne connaissez même pas le point B, comment choisir la route ? La fin du roman c’est, à l’évidence, la dernière chose que les lecteurs liront ! Elle est donc de la plus haute importance, et il n’y a rien de pire qu’un roman qui s’annonçait excellent et dont la fin est décevante. Il n’y a pas de pire bouche-à-oreille que : « C’est pas mal, mais la fin est ratée »… C’est souvent l’une des choses les plus difficiles dans la conception d’une histoire : trouver une chute qui saura à la fois surprendre votre lecteur et satisfaire ses attentes. Pour caricaturer un peu, je dirais même qu’une bonne idée de roman, c’est avant tout une bonne idée de chute.
À ce stade, vous devez donc travailler sur l’arc narratif principal, mais aussi sur celui des personnages principaux : quelle est l’intrigue générale que le roman doit boucler, mais aussi, quels sont les défis internes que chacun des personnages principaux doit relever ? Dans votre roman, il sera préférable que vos personnages évoluent, qu’ils se transforment (en bien ou en mal, d’ailleurs…).
Vous allez aussi devoir déterminer quels seront le ou les points de vue narratifs. Votre narration se focalisera-t-elle sur le point de vue d’un seul personnage ? De plusieurs personnages ? Sera-t-il raconté à la première personne, ou bien par un narrateur ? Et dans ce cas, s’agira-t-il d’un narrateur omniscient, qui sait tout de tous les personnages, ou bien d’un narrateur ayant lui-même un point de vue personnel sur l’histoire ?

FAITES-VOUS PLAISIR…

Contrairement au synopsis d’un film, le pré-synopsis de votre roman est un document personnel. C’est à vous qu’il va servir, et à personne d’autre. Ce n’est pas un document qui va vous permettre de démarcher des producteurs, comme c’est le cas pour l’audiovisuel. Il est très rare – à ma connaissance cela n’arrive même jamais – de convaincre un éditeur avec un simple synopsis pour son premier roman. Si vous êtes un jeune auteur non publié, tous les éditeurs vous demanderont le roman achevé avant de vous faire une éventuelle offre. Le but de ce pré-synopsis sera donc de vous aider à faire le point sur votre roman, avant de travailler dessus plus en profondeur. Il va vous permettre de passer aux étapes de préparations suivantes. Mais il n’a pas besoin d’être mis en forme pour autrui. C’est votre tambouille interne ! Aussi, il y a des choses à éviter, à ce stade. N’entrez pas trop dans les détails ! Par exemple, tous les personnages de votre roman n’ont pas besoin de figurer dans votre pré-synopsis, seulement les principaux ! Pour l’instant, faites-vous plaisir, racontez votre roman en quelques pages, voyez s’il tient la route, et repérez ses faiblesses, tout comme les choses que vous allez devoir travailler dans la phase suivante…

Réussir son premier roman – VI : Les exercices

LES ATELIERS D’ÉCRITURE

Avant de vous lancer dans votre grand projet, il existe de bonnes solutions pour faire vos premiers pas, pour vous faire la main…
D’abord, il y a les ateliers d’écriture. Tapez ce mot clef sur un moteur de recherche internet et vous trouverez alors sans peine une foule de propositions. Certains ateliers, organisés par des professionnels, sont payants, mais il conviendra alors de bien se renseigner à leur sujet, car, à l’instar de la microédition, nombreux sont les charlatans dans ce domaine, prêts à soutirer de l’argent aux jeunes auteurs en détresse. Il existe toutefois des ateliers d’écriture payants tout à fait sérieux et de bonne qualité, comme ceux d’Elisabeth Bing (l’un des plus anciens en France) ou d’Aleph Ecriture. Il vous en coûtera tout de même quelque mille euros l’année. Voici une liste des principaux ateliers d’écriture disponibles en France.
Si vous n’êtes pas prêts à débourser cette somme, vous pouvez vous tourner sans hésiter vers les ateliers qui vous sont gracieusement proposés par les bibliothèques municipales, par certaines librairies ou certaines associations à but non lucratif… Certes, vous n’aurez pas le même suivi ni le même approfondissement que dans les ateliers professionnels précités, mais vous y ferez vos premières armes, y trouverez vos premiers lecteurs, vos premières critiques, vos premiers encouragements, et vous vous inscrirez déjà dans un rythme qui vous imposera la régularité nécessaire à toute création littéraire. Écrire, c’est d’abord y croire. Entamer une démarche concrète comme une inscription à un atelier d’écriture, c’est déjà un bon moyen de se forcer à y croire…

LES NOUVELLES

Avant de vous lancer dans un roman, celle-ci peut s’avérer un excellent exercice, avec un investissement moindre. Elle vous permettra de ne pas vous décourager face à une tâche trop lourde et de connaître le plaisir d’achever, en relativement peu de temps, un projet littéraire.
Attention ! Je ne dis pas qu’écrire une nouvelle est plus facile qu’écrire un roman, loin de là ! C’est même pour certains auteurs un exercice plus ardu, car lorsqu’on a peu de pages pour développer son histoire, pour installer son intrigue et ses personnages, il faut compenser par une idée forte, un effet de style ou une chute surprenante. Pour débuter, c’est néanmoins un exercice un peu moins effrayant. C’est, en outre, un excellent moyen d’apprendre la concision ; l’un des principaux défauts des jeunes auteurs est de se perdre dans leur récit, d’oublier d’aller à l’essentiel.
Enfin, les nouvelles offrent bien plus de débouchés que les romans : de nombreux projets amateurs ou semi-professionnels vous permettront de publier plus facilement votre travail. Beaucoup de romanciers – c’est mon cas – ont commencé à se faire remarquer par les éditeurs en publiant des nouvelles dans des fanzines, des petites revues, etc…

Réussir son premier roman – V : Les bons outils

L’ENVIRONNEMENT

Pour écrire, et surtout pour écrire bien, il conviendra d’abord de trouver les conditions idéales, l’environnement favorable. Comme je le disais en introduction, écrire est un travail, un vrai, et on ne travaille pas dans n’importe quelles conditions.
Encore une fois, chaque auteur a besoin de son propre environnement de travail, son petit univers à lui. Certains aiment écrire dans les cafés, au milieu des gens et du bruit. Certains écrivent en musique. D’autres cherchent le silence absolu, l’isolement.
En toute logique, je vous conseillerais de trouver avant tout un lieu où vous vous sentez bien et de fuir, si possible, toutes les distractions potentielles (votre téléphone, votre diabolique connexion aux réseaux sociaux, vos enfants turbulents, votre vilaine télévision…), car la plupart des différents stades de l’écriture exige une grande concentration. Si la musique aide à vous concentrer, écoutez-en ! Si, paradoxalement, vous immerger au milieu des gens facilite votre attention, trouvez-vous un chouette petit bistrot et calez-vous derrière une table. Si vous préférez écrire au calme, aménagez votre bureau à votre goût !
L’essentiel, c’est de vous sentir bien, et d’en prendre la peine : ménager son espace de travail, c’est déjà affirmer qu’on y croit !

LE CARNET EST TON AMI

Si écrire est un travail, un artisanat, alors l’adage selon lequel un bon ouvrier a toujours de bons outils s’applique ici aussi… Voici une liste non exhaustive des outils que je vous recommande, tout au long du processus de création.
En premier lieu, le carnet. La plupart des auteurs – même s’ils écrivent ensuite sur un ordinateur – en utilisent, et en ont un sur eux le plus souvent possible. Pratique, il se glisse dans la poche, on écrit dessus à la main, ce qui permet, dans la phase de conception, de rayer, d’entourer, de relier d’un trait tel et tel élément, de faire des schémas, de jeter rapidement des idées quand elles vous tombent dessus au beau milieu d’une rue, pendant un repas… Dans la phase de documentation, on s’en servira aussi pour prendre des notes sur les ouvrages que l’on compulse en bibliothèque, ou sur les confessions d’une personne que l’on interroge…

LE DICTAPHONE AUSSI

Aujourd’hui, la plupart des téléphones portables en intègre un, bref, vous en cachez presque tous dans votre poche, tout le temps ! Le dictaphone s’avérera fort pratique lors de vos éventuels repérages : quand vous visiterez un endroit, que vous marcherez dans les ruelles d’un joli village, plutôt que de prendre des notes fastidieuses, vous enregistrerez vos impressions sur les lieux que vous visiterez, vous noterez les couleurs, les odeurs, l’atmosphère, toutes ces choses qui vous seront utiles plus tard lors de vos descriptions. Enfin, le dictaphone s’avérera salvateur pendant la phase de documentation, quand vous irez interviewer tel ou tel spécialiste qui vous livrera son précieux savoir.

LE TRAITEMENT DE TEXTE

Si quelques rares auteurs privilégient encore l’écriture à la main ou à la machine à écrire, il est indéniable que le traitement de texte offre de nombreux avantages. La fonction « chercher », par exemple, est une véritable aubaine quand vous ne vous souvenez plus où apparaît tel ou tel personnage pour la première fois et comment vous l’avez décrit ; la fonction « chercher/remplacer » est miraculeuse quand, soudain, vous décidez de changer le nom de votre héros au bout de trois cents pages ; la correction d’orthographe automatique vous permet aussi de gagner du temps lors de votre relecture… En outre, très peu d’éditeurs (voire aucun) accepteront de lire un manuscrit au sens propre du terme, tous exigeront un « tapuscrit » soigneusement mis en forme (nous reviendrons plus tard sur la mise en forme). Le vilain résistant anti-GAFAM ne résiste toutefois pas à l’envie de vous inciter à utiliser un traitement de texte en open-source, tout aussi efficace et bien moins intrusif, tel que celui d’OpenOffice ou de LibreOffice

LA SAUVEGARDE

Je ne saurais jamais assez insister sur ce point ! Presque tous les écrivains contemporains (dont votre serviteur) ont connu l’enfer du vol d’ordinateur ou du plantage de disque dur, des centaines de pages perdues à tout jamais dans le méandre des clusters défectueux ! Pour ma part, en 1999, j’ai perdu 400 pages d’un livre, c’était il y a vingt ans et je m’en souviens encore !! Il existe plusieurs solutions pour se protéger de ce drame cruel : sauvegarder quotidiennement votre travail sur des supports externes (clés USB, disques durs, etc…) ou utiliser des applications dédiées comme Mobile Me ou DropBox, lequel recueille ma préférence personnelle. Ces services de stockage et de partage en ligne dits « en nuage » présentent de nombreux avantage : ils assurent la sauvegarde instantanée de votre travail, conservent la trace de vos modifications, permettent même de travailler à plusieurs sur un même fichier et vous évitent de devoir emporter votre ordinateur partout avec vous. Où que vous soyez, sur quelque ordinateur que vous soyez, pour peu qu’il ait une connexion internet, vous pouvez retrouver votre fichier en ligne ! Toute modification que vous y apporterez sera instantanément reportée sur tous vos supports connectés. Un vrai miracle ! Je n’ai, malheureusement, aucune action chez DropBox inc., mais je peux le dire : depuis que je l’utilise, cette application a changé ma vie d’écrivain.