Pierre Lœvenbruck

HOMMAGE À L’ONCLE PIERRE

Par Henri Lœvenbruck 

Décédé dix mois après ma naissance, je n’ai jamais connu mon grand-oncle, Pierre Lœvenbruck – qu’on appelait chez moi « l’oncle Pierre » – mais sa personnalité, sa carrière et son œuvre ont bercé mon enfance et mon adolescence. On me demande souvent pourquoi je suis devenu écrivain. Je n’ai évidemment aucune réponse simple à donner, tant il faut de paramètres différents et insaisissables pour expliquer comment un jour on en vient à prendre la plume, mais j’ai toujours pensé qu’il y avait, dans mon cas, un peu de génétique dans tout cela…

INTRODUCTION

Je me souviens encore des heures que je passais, gamin, à feuilleter les vieux livres de l’oncle Pierre, nichés à l’abri de la lumière, dans le tiroir du bas de la grande armoire de mon père. De vieux romans populaires aux pages jaunies, évoquant les feuilletons d’antan ou les pulps américains, publiés dans les collections légendaires de Tallandier, avec leurs sublimes couvertures illustrées par Maurice Toussaint, et leurs titres qui respiraient l’aventure : Le Secret de l’Antarctide, Les Compagnons du dragon noir, La Vengeance du fétiche… Ces titres, l’odeur du vieux papier, la poussière, tout concourait à me donner le sentiment de tenir entre mes mains de véritables trésors, et j’éprouvais une immense fierté à voir tantôt le nom familial imprimé sur les couvertures (avec le E dans l’O, s’il vous plaît), tantôt ces pseudonymes que je pensais être le seul à pouvoir comprendre, Demousson, Blénod

Mon père me parlait souvent de l’oncle Pierre. C’était la célébrité de la famille, en quelques sortes, mais surtout un personnage haut en couleur, Consul de France, résistant, officier de la Légion d’honneur, grand voyageur, auteur couronné par l’Académie française, ami de Claudel, de Kessel, de Mac Orlan, et quelque peu farfelu à ses heures, tellement passionné par les animaux sauvages qu’il interrompit sa brillante carrière diplomatique pour se consacrer, contre toute attente, à la zoologie et au cirque ! Mon grand-père (son frère) le tenait, d’ailleurs, pour un fantaisiste. Moi, je le voyais comme un héros d’un autre temps, une légende, et je crois bien que, toute ma vie, de manière plus ou moins consciente, j’ai toujours rêvé de ressembler à l’oncle Pierre…

UN ENFANT DU XIXe SIÈCLE

Politiquement, il faut bien l’avouer, je pense que nous aurions eu quelques points d’achoppement… Pierre était un conservateur, amoureux de la chose militaire, catholique pratiquant, encore teinté par ce « léger » antisémitisme banalisé de la vieille France version affaire Dreyfus, et je pense qu’il aurait sans doute vu d’un assez mauvais œil le petit objecteur de conscience agnostique que je suis devenu… Philosophiquement, toutefois, nous aurions sans doute partagé une certaine foi en la perfectibilité de l’homme… L’oncle Pierre était franc-maçon (il consacra d’ailleurs une petite étude sur l’histoire de la loge Saint-Antoine des amis réunis de Pont-a-Mousson dans son ouvrage sur ladite ville). Quoi qu’il en fût, artistiquement et humainement, comme j’aurais aimé pouvoir échanger avec lui, avec cet aventurier, cet homme érudit, curieux, ce grand voyageur, amoureux des littératures populaires, et qui semblait posséder un sacré sens de l’humour ! Toute ma vie, je n’ai eu de cesse que de chérir et défendre les littératures populaires et je veux croire que les couvertures exotiques de ces vieux romans jaunis qui ont hanté mon enfance y sont forcément pour quelque chose…

HOMMAGE FAMILIAL ET CONFRATERNEL…

Aussi, la quarantaine passée, j’ai pensé qu’il était grand temps de rendre hommage à l’oncle Pierre. La vie m’a appris une triste chose : la reconnaissance a la mémoire courte. Les auteurs populaires, quel que fût leur succès (le sien fut énorme, et sa production gargantuesque, plus de cent romans !), tombent facilement dans l’oubli. La plupart de ses textes, il faut bien le reconnaître, ont vieilli quelque peu. Nous dirons qu’ils conservent un charme désuet… Mais, fichtre, avec une telle carrière, l’oncle Pierre n’a même pas sa propre page Wikipedia (à bon entendeur…) ! J’ai donc éprouvé le besoin viscéral de lutter contre l’oubli et de faire connaître la vie et l’œuvre de Pierre Lœvenbruck, qui forcent, l’une et l’autre, le respect. Il était de la trempe de ces grands hommes, ces Romain Gary, ces Joseph Kessel, qui parvenaient à concilier un parcours professionnel d’une grande richesse avec une production littéraire faramineuse et un engagement patriotique certain.

L’ÂNE DE L’ONCLE PIERRE…

Avant de vous présenter sa vie plus en détail, permettez-moi une anecdote amusante, qui démontre que le statut de Consul de France n’empêche nullement la fantaisie. Pour la communion solennelle de mon père, l’oncle Pierre, qui adorait son neveu, décida de lui faire un étrange cadeau… Ce matin de 1950, mes grands-parents, qui habitaient, comme l’oncle Pierre, au 116 rue de la Convention à Paris, eurent la surprise de voir arriver un cocher au bas de l’immeuble, qui conduisait… un âne. « C’est un cadeau de Pierre Lœvenbruck pour votre fils, monsieur… ». Un âne. Dans la capitale ! Pour un petit garçon de 11 ans ! Mon grand-père, beaucoup moins extravagant que son frère, renvoya, furieux, l’animal. Vexé, l’oncle Pierre revint deux jours plus tard avec un cadeau moins encombrant, certes, mais tout aussi déconcertant : un fusil de chasse ! Las, mon grand-père ne put refuser une deuxième fois le présent fait à son fils et emmena donc mon père dans le jardin de leur petite maison de campagne, à Aigleville, où il le fit tirer allègrement sur son mobilier d’enfant. Etrange rituel de passage à l’adolescence : mon père se fit une joie de détruire un par un ses petits meubles bleu pastel avec la carabine de l’oncle Pierre, qui trône toujours aujourd’hui dans la maison familiale !
Bref… si vous le voulez bien, partons donc à la découverte de l’auteur des Captifs de la Vierge Rouge, pour des voyages extraordinaires sur terre, sur mer, et dans les airs !

SA VIE…

Pierre Marie Joseph Lœvenbruck (parfois orthographié Lœwenbruck ou Löwenbruck), né le 2 avril 1891 à Pont-à-Mousson, fief historique de la famille, est le fils de mon homonyme et arrière-grand-père Henri Lœvenbruck (né en 1862 à Thionville) et de Marie Noël (née en 1865 à Pont-à-Mousson). Il grandit avec ses parents, sa petite sœur Jeanne (née en 1896) et leur petit frère Emile (mon grand-père, né en 1901) dans leur maison du 10 rue du Pont (aujourd’hui devenue rue du Maréchal Joffre), à Pont-à-Mousson, avant d’emménager à quelques mètres à peine, dans la quincaillerie familiale, sise 19 place Duroc.

LA QUINCAILLERIE LŒVENBRUCK

Le chef de famille, Henri, tient cette très belle Quincaillerie Lœvenbruck Noël qui jouxte l’hôtel de ville, une adresse de choix, et ses revenus très honorables permettent à la famille de vivre confortablement, avec un employé chargé de la gestion financière de la boutique (un certain monsieur Renaudin, qui épousera Jeanne Lœvenbruck, la sœur de Pierre et de mon grand-père…), une domestique et une institutrice privée à domicile, pour élever les enfants. Il reste de nombreuses traces de cette quincaillerie Lœvenbruck Noël, qui (un signe ?) était installée juste à côté de la librairie Reboulet. On la voit notamment sur les multiples cartes postales de la place Duroc et de son hôtel de ville…

QUATRE ANS DE CAPTIVITÉ

Venue l’adolescence, Pierre fait ses études classiques au lycée de la Malgrange, célèbre institution privée de la banlieue nancéenne, puis s’inscrit à la Faculté de Droit de Nancy.
En août 1914, alors que la Première guerre mondiale éclate, du haut de ses vingt-trois ans, ce jeune homme promis à un brillant avenir est mobilisé au 269e RI, avec le grade de sergent. Dans Ceux de la réserve, il relatera sa campagne d’août à octobre 1914, date à laquelle il fut capturé. Dans Bouches inutiles, il racontera ensuite ses quatre années de captivité par les Allemands. Il en gardera le sentiment contradictoire d’une haine farouche pour les « boches » et d’une admiration résignée pour leur puissance militaire… Pendant la guerre, emprisonné en Suisse, il rencontre une charmante infirmière autochtone qui lui sauve la vie, alors que les Allemands l’avaient laissé pour mort : Maria-Antonia Kressig. Le coup de foudre est immédiat. Il ne l’oubliera pas…

DÉBUTS DANS LA DIPLOMATIE

Après la guerre, Pierre se présente au concours du Ministère des Affaires Etrangères et son succès lui permet d’obtenir rapidement des postes honorables. Il s’installe alors à Paris, au 116 rue de la Convention, XVe arrondissement, dans un petit appartement à l’entresol, qu’il gardera comme pied-à-terre jusqu’à sa mort. J’ai passé une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence dans cet immeuble, puisque mes grands-parents s’installèrent juste au-dessus de lui… Je me souviens encore quand, étudiant en hypokhâgne au tout proche Lycée Blomet, j’allais déjeuner chez ma grand-mère, et que celle-ci me parlait de son ancien voisin du dessous, ce beau-frère un peu farfelu et à la vie si romanesque. Anecdote amusante : un jour, mon père, encore enfant, joue dans sa chambre et découvre une trappe cachée sous les lames du plancher. À l’intérieur, surprise ! Il tombe sur les décors maçonniques de monsieur L’Hôpital, précédent locataire, qui les y avait cachés pendant la guerre, de peur que l’anti-maçonnique envahisseur ne tombât dessus (tout comme celui de l’oncle Pierre, l’appartement  avait été mis sous scellés par les Allemands dès 1940)… Ma grand-mère, à qui son catholicisme profond n’avait guère transmis un grand amour pour la chose maçonnique, et ignorant sans doute que son propre beau-frère était lui aussi initié, confisqua à mon père les gants, le tablier et le fil à plomb qu’il avait trouvés et avec lesquels il jouait gaiement, convaincu d’avoir déterré un magnifique trésor !

De 1919 à 1920, Pierre Lœvenbruck est vice-consul à Berne, en Suisse, où il retrouve enfin ladite Maria-Antonia Kressig, qu’il épouse à Wallenstadt le 6 février 1920. Il poursuit alors sa carrière de vice-consul à Hambourg, à Copenhague, puis revient à Paris en 1922. Il est alors nommé au Ministère des Affaires étrangères comme rédacteur au Bureau du Chiffre (inutile de vous dire, pour ceux qui ont lu J’irai tuer pour vous, que j’ai beaucoup souri en découvrant que mon grand-oncle avait fricoté avec le 2e Bureau, auprès du colonel Mengès, chargé du contre-espionnage pour la région parisienne, puis avec le SDECE, tous deux ancêtres de la DGSE…). En 1923, il est nommé à la Direction politique de l’Administration centrale, poste qu’il conserve pendant de nombreuses années, avec toutefois une interruption de 1927 à 1930, époque à laquelle il est envoyé à Cracovie pour y créer un consulat.
C’est pendant cette période, dès 1926, qu’il commence à publier, sous pseudonyme, ses premiers romans populaires, à un rythme infernal, et avec un certain succès. Stakhanoviste, il n’en délaisse pas pour autant sa carrière diplomatique, devenu Consul de France en 1927.

LA RÉSISTANCE

Puis vient la Seconde guerre mondiale. Attaché au contrôle des étrangers en 1940, rapidement, Pierre Lœvenbruck, ami de Kessel, entre – avec l’aide dudit colonel Mengès, du 2e Bureau, et du lieutenant-colonel Schlesser, chef du 5e Bureau – dans la Résistance. Certains de ses livres ayant été inscrits par les Allemands sur la liste OTTO des ouvrages bannis, il est vite dans le collimateur. À partir de juin 1942, il devient Attaché aux Services Centraux de la Résistance à Lyon, au Service des Faux Papiers (il fournit aux résistants de fausses cartes de vivres, de tabac, de textile, de faux livrets militaires, visas, passeports…), puis il prend la direction du Service du Chiffre (dans un bureau clandestin situé 46, rue Auguste Comte, à Lyon). En septembre 1943, il s’engage dans la France Combattante, sous les auspices du commandant Hettinghausen, jusqu’à ce que Londres, en octobre 1943, le nomme Chef de Réseau nord du Réseau Froment. Le 9 mars 1944, il est arrêté par la Gestapo, enfermé à Fresnes, et n’est libéré, quelques jours plus tard, que par l’intervention amicale d’un diplomate allemand (un certain monsieur Kieffer) qu’il avait connu à l’ambassade d’Allemagne, avant la guerre. Pierre, « grillé », est obligé de se faire discret et de prendre ses distances avec la Résistance. Malheureusement, dénoncé pour la persistance de ses relations avec l’Armée secrète, la Milice l’arrête de nouveau le 15 juin 1944, l’enferme au Petit Casino de Vichy et le remet à la Gestapo le 20 juillet. Interné à Moulins, il sera libéré par les F.F.I. le 25 août 1944.

Pour ces faits, il sera remercié par le général de Gaulle, cité à l’ordre du corps d’armée le 22 octobre 1947 et recevra la Croix de guerre, avec étoile de vermeil. La citation explique qu’il « a assuré, dans des circonstances de plus en plus difficiles et périlleuses, durant trois années, la liaison entre des groupements de Résistance et des réseaux de la Zone Nord et de la Zone Sud. Arrêté au début de 1944, après avoir pu recueillir et transmettre des renseignements précieux sur les activités de l’envahisseur, il n’a cessé, durant un long séjour dans les cellules de la Gestapo, d’être pour tous ses camarades un magnifique exemple de patriotisme et de courage ».

LA RETRAITE

Après la guerre, Pierre Lœvenbruck reprend sa carrière diplomatique, il est nommé Consul général à Bâle, dans la Suisse natale de son épouse. S’il abandonne peu à peu la fiction, il publie de plus en plus d’articles, notamment au Monde Diplomatique. De retour en France au milieu des années 1950, Pierre Lœvenbruck quitte peu à peu la carrière diplomatique pour se consacrer à l’une de ses plus grandes passions : la faune ! Voyant arriver la soixantaine, il s’achète une petite maison dans la région d’Amiens et prend la direction du Jardin Zoologique d’Amiens ! Profitant d’un rythme de vie beaucoup plus calme qu’au consulat, il retourne de plus en plus souvent dans sa Lorraine natale et adorée, puis se remet à écrire des essais pendant sa retraite, laissant de côté la littérature populaire qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, a subi de grandes transformations avec l’apparition du livre de poche, sonnant le glas des délicieux petits romans feuilletons d’antan…
Devenu Commandeur de la Légion d’Honneur, Pierre Lœvenbruck meurt à Paris le 4 décembre 1972, à l’âge de 82 ans… Fidèle à sa terre natale, il repose dans le caveau familial à Pont-à-Mousson.

SON ŒUVRE…

Pierre Lœvenbruck auteur de plus de cent titres ! – publie ses premiers romans en 1926. Comme ce ne sont pas des romans très « sérieux » pour un vice-consul, il utilise d’abord deux premiers pseudonymes (Pierre Demousson aux éditions Jules Tallandier, et Pierre Blénod aux éditions Ferenczi). Sous ces deux sobriquets, il publiera jusqu’en 1938 plus de quarante romans populaires ! Anecdote amusante, il semblerait que l’auteur ait voulu utiliser le pseudonyme de Joseph (son deuxième prénom) Blénod et non pas Pierre, mais que l’éditeur Ferenczi se trompa sur la couverture, alors qu’à l’intérieur de l’édition originale du premier ouvrage, Le Pirate du Pacifique, l’auteur est partout appelé J. Blénod… Le pseudonyme Pierre Blénod subsista pour les titres suivants.
En 1930, voulant s’essayer à une littérature « plus sérieuse », il utilise pour la première fois son véritable patronyme pour un roman co-écrit avec Pierre Hellin (pseudonyme d’Henri Pellier, auteur lui aussi fort prolifique, principalement d’œuvres pour la jeunesse, avec lequel il a d’ailleurs collaboré plusieurs fois). Ensemble, ils écrivent Les Cahiers du sergent Walter qui, primé par l’Académie française, reçoit un joli succès public et critique. Puis en 1930 et 1931, deux romans autobiographiques, Ceux de la réserve et Bouches inutiles. Ce dernier, prix du Souvenir, rencontra d’ailleurs un succès plus grand encore, avec neuf rééditions consécutives entre 1931 et 1932.

LA FOLIE DES PSEUDONYMES

La cohabitation entre ces différents noms lui vaut parfois de cocasses situations, comme dans la revue du Larousse Illustré où il bénéficie de deux critiques littéraires, l’une pour Ceux de la réserve, sous le nom de Lœvenbruck, et l’autre pour Le Targui au Litham, sous le nom de Demousson !
Poussant plus loin encore le jeu des pseudonymes, en cette même année 1931, Pierre Lœvenbruck publie chez Tallandier La Surprise, un roman d’anticipation, prétextant qu’il s’agit d’un roman allemand traduit en français. L’auteur supposé – un certain Oberleutnant Michel T. – y raconte la nouvelle guerre de revanche préparée par l’Allemagne contre la France… pour le moins prémonitoire !

Malgré le succès de ses trois romans plus personnels, il continue parallèlement son incroyable production sous pseudonymes et, à partir de 1932, soucieux de diversifier les genres auxquels il s’adonne, il utilise même quatre nouveaux noms de plume, toujours presque exclusivement chez Tallandier, qui vient alors d’être racheté par la maison Hachette : Pierre Maidières, Pierre Dukay, Georges Salin et Georges De Puvenel ! Pourquoi Georges ? Je ne sais pas ! Et, comme si cela ne suffisait pas, l’oncle Pierre s’essaie aussi à la nouvelle, publiant sous le nom de Demousson plusieurs courts textes de fiction dans une foule de journaux et de revues, comme Le Matin, Le Pêle-Mêle, L’Aventure ou La Semaine Vermot.

En 1934, toutefois, sa production ralentit considérablement, pour s’interrompre totalement en 1938. Il ne reprendra la plume qu’en 1954 mais, cette fois, sous son véritable nom (à l’exception du Secret du lac des Hémiones, ultime roman publié en 1954 chez Tallandier sous le pseudonyme de Pierre Demousson, sans doute un « fond de tiroir »…). Il livre alors des titres plus confidentiels, publiés chez de petits éditeurs, et consacrés plutôt à son amour de la faune sauvage, du cirque et de sa chère Lorraine, alors que ses anciens succès sont régulièrement réédités jusqu’au milieu des années 1960. Pierre Lœvenbruck a soixante neuf ans quand il publie son dernier ouvrage, Souvenirs d’un cor de chasse
Anecdote amusante : Pierre était passionné par les animaux sauvages, et en particulier par les loups… ce que j’ignorais totalement quand j’ai écrit mes trois premiers romans consacrés, comme par hasard, aux loups ! Quelques années après la publication de La Moïra, mon père a retrouvé un vieux tapuscrit, resté inédit, intitulé Les Loups, et consacré à l’animal… Quand on parlait de génétique…

LES PSEUDONYMES

Si Pierre Lœvenbruck utilisa six pseudonymes différents, chacun avait sa spécificité, sa logique éditoriale, et chacun – comme cela se faisait beaucoup à l’époque – adressait un clin d’œil aux origines géographiques de l’auteur, sa chère Meurthe-et-Moselle. Inscrit à la SGDL, il n’y déposa toutefois que son principal pseudonyme, Pierre Demousson. Son dossier y est enregistré sous la cote 454AP258.

– Pierre Demousson (référence à Pont-à-Mousson, sa ville de naissance) :
Ce fut, de très loin, le pseudonyme le plus utilisé par l’auteur, avec pas moins de cinquante-deux titres ! Sous ce nom, il publia essentiellement des romans d’aventure, flirtant parfois avec la SF ou le fantastique, dans la célèbre collection bleue Le Livre national, fer de lance de Tallandier, et plus précisément dans la série Bibliothèque des grandes aventures.
Si la grande majorité de ses romans furent publiés chez Tallandier, on notera tout de même trois publications aux éditions Rouff, cinq aux éditions de La Mode Nationale, collection FAMA, deux aux éditions S.E.P.I.A. en 1937. On notera aussi quatre romans jeunesse chez Larousse, dont trois co-écrits avec Henri Pellier.

– Pierre Blénod (référence à Blénod-lès-Pont-à-Mousson)
Sous ce pseudonyme, il publia exclusivement chez Ferenczi (l’un des acteurs majeurs du roman populaire et du roman illustré durant la première moitié du XXe siècle. La famille Ferenczi étant juive, elle se retrouve spoliée pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands en prennent la direction et la transforment en maison de propagande. Elle ne sera reprise par Henri Ferenczi qu’en 1950, avant de disparaître en 1966).
Chez cet éditeur, en l’espace de cinq romans, l’auteur s’essaya aux principaux genres populaires, le roman d’aventure, le roman sentimental et le polar.

– Pierre Maidière(s) (référence à Maidières, banlieue de Pont-à-Mousson) :
Sous ce pseudonyme, l’auteur publia trois romans, tous trois dans la collection À travers l’univers, de Tallandier, une collection consacrée aux « aventures vécues de mer et d’outre-mer ». La disparition du « S » à la fin de Maidières dans le deuxième ouvrage est sans doute dû à une erreur de l’éditeur…

– Pierre Dukay (référence à la rue Du Quai, à Pont-à-Mousson, située à quelques pas de la quincaillerie familiale)
Sous ce pseudonyme, l’auteur publia quatre romans, eux aussi exclusivement dans la collection À travers l’univers, de Tallandier. Il semblerait que cela soit à la demande de l’éditeur (alors Hachette), qui voulait donner l’impression d’une plus grande variété d’auteurs dans cette jeune collection, laquelle n’eut d’existence que de 1932 à 1933.

– Georges Salin (référence à Château-Salins, commune proche de Pont-à-Mousson)
Sous ce pseudonyme, l’auteur publia exclusivement des romans d’amour policiers (oui, oui, c’était un genre…), tantôt dans la collection Les Jolis romans de Tallandier, tantôt dans la collection Le Roman du Dimanche que Tallandier publia sous la marque de la Librairie Contemporaine, tantôt chez Bernardin-Béchet.

– Georges de Puvenel (référence à la forêt de Puvenel, qui borde Pont-à-Mousson)
Sous ce pseudonyme, l’auteur publia des romans d’amour et des romans policiers, tantôt dans la collection Les Jolis romans de Tallandier, tantôt dans les collection Le Roman du Dimanche et Les Romans de la vie, que Tallandier publia sous la marque de la Librairie Contemporaine.

BIBLIOGRAPHIE

Sous le nom de Pierre Lœvenbruck (16 titres) :
Les Cahiers du Sergent Walter, avec Pierre Hellin (Tallandier, 1930) Prix de l’Académie française
Ceux de la réserve (Tallandier, 1931)
Bouches inutiles (Tallandier, 1931) Prix du Souvenir
Animaux captifs : la vie des zoos (La Toison d’or, 1954)
Les Animaux du cirque (La Toison d’or, 1954)
Les Garennes et leurs habitats (La Colombe, 1954)
Le Blaireau : ses mœurs et sa chasse (Crépin Leblond, 1955)
Les Chiens de berger au travail (Crépin Leblond, 1955)
Journal de Nicolas Brisset (Mutelet, 1955) Grand Prix René d’Alsace
Les Animaux sauvages dans l’histoire( Payot, 1955)
Notre cher Pont-à-Mousson (Mutelet, 1956)
Les Joutes, les combats d’animaux et le cirque en Lorraine (Linz, 1957)
Les Environs de notre cher Pont-à-Moussonavec J. Florange (Mutelet, 1958)
Généalogie de la famille Lœvenbruck, avec L. Lœvenbruck (Cœur de Vey, 1959)
Souvenirs d’un cor de chasse (Le Temps, 1960)
Saint Hubert : Patron des chasseurs (Crépin Leblond, 1960)

Sous le nom de Pierre Demousson (52 titres) :
Les Captifs de la Vierge Rouge (Tallandier, 1926)
Le Roi des lacs (Tallandier, 1926)
L’Ourse (Gautier-Languereau, 1927)
Les Fiancés de Manille (Tallandier, 1927)
Sauvée par son amour (Rouff, 1927)
Une croisière d’amour (Rouff, 1927)
Les Pionniers de Fachoda (Tallandier, 1927)
Le Secret de l’Antarctide (Tallandier, 1927)
La Steppe de la faim (Tallandier, 1928)
La Grande vie (Tallandier, 1928)
Pour les Yeux d’une blonde (Tallandier, 1928)
L’Amazone du Nicaragua, avec J. Demetz (Tallandier, 1928)
L’Idole à la Lance d’Or (Mame, 1928)
Le Fils du mineur (Larousse jeunesse, 1928)
La Perle de Mascate (Tallandier, 1928)
Quand l’Amour commande, avec J. Demetz (Tallandier, 1928)
Le Gnome de la cathédrale, avec J. Demetz (La Mode nationale, 1928)
Les Compagnons du dragon noir (Tallandier, 1929)
Le Centenaire de l’Algérie, avec Henri Pellier (Larousse jeunesse, 1930)
La Croisière du Floréal (Tallandier, 1930)
La Vengeance du fétiche (Tallandier, 1930)
La Nièce du Grand maître (Tallandier, 1930)
Dauga, terreur de la Lorraine, avec Albert Mangeot (Bernardin-Béchet, 1930)
Le Targui au Litham vert suivi de La Felouque aux voiles d’or (Larousse, 1930)
Le Billet de Galipode (Tallandier, 1930)
L’Emeraude du Lama (La Mode Nationale, 1930)
La Fille de Samory (La Mode Nationale, 1930)
Le Secret du cabinet des laques (Tallandier, 1930)
Au Fond de la mer, avec Henri Pellier (Larousse jeunesse, 1931)
Les Ballons dirigeables, avec Henri Pellier (Larousse jeunesse, 1931)
La Fille du prophète (Tallandier, 1931)
Le Drame du moulin rouge (Tallandier, 1931)
Les Captifs de la casbah (Tallandier, 1931)
Un Chardon de Lorraine (La Mode nationale, 1931)
Terre de Mystère (Tallandier, 1931)
La Pierre noire (Tallandier, 1932)
Les Compagnons du poing fermé (Tallandier, 1932)
Un Drame dans la Mer Rouge (Tallandier, 1932)
Les Mystères du Bardo (Tallandier, 1932)
La Tournée Jeandelize (Tallandier, 1932)
La Perle d’Haïti (La Mode Nationale, 1932)
Vengeance d’Empereur (La Mode Nationale, 1932)
Le Commandant de l’Aquilon (Tallandier, 1932)
Les Prisonniers du Sultan bleu (Tallandier, 1933)
Le Mousse de la mitrailleuse (Tallandier, 1933)
La Campagne de la Décidée, avec Maurice Toussaint (Tallandier, 1933)
Le Frère noir (Tallandier, 1933)
L’Esclave du dey (Sepia, 1937)
L’Idole au trésor (Sepia, 1937)
Le Vrai bonheur (Rouff, 1938)
Au Cœur du continent noir (Tallandier, 1938)
Le Secret du lac des Hémiones (Tallandier, 1954)

Sous le nom de Pierre Blénod (14 titres) :
Le pirate du Pacifique (Ferenczi, 1926)
Montagne d’amour (Ferenczi, 1928)
Pour qu’il vive (Ferenczi, 1928)
Comme ils s’aimaient (Ferenczi, 1928)
Cœur de marin (Ferenczi, 1928)
L’Amour, un soir d’été (Ferenczi, 1928)
Cœur meurtri, cœurs heureux (Ferenczi, 1928)
Seule ! (Ferenczi, 1929)
Louise (Ferenczi, 1929)
Le Triomphe de l’amour (Ferenczi, 1929)
Une Idylle à Saint-Lazare (Ferenczi, 1929)
Âme de slave (Ferenczi, 1929)
Voleur par amour (Ferenczi, 1931)
L’Affaire de l’Obélisque (Ferenczi, 1934)

Sous le nom de Pierre Maidière(s) (3 titres) :
Le Destin tragique de James Cook (Tallandier, 1932)
De Paris à Palikao (Tallandier, 1933)
Maximilien l’empereur martyr (Tallandier, 1933)

Sous le nom de Pierre Dukay (4 titres) :
Le Naufrage de la Méduse (Tallandier, 1932)
Les héros de Tuyen-Quan (Tallandier, 1932)
Les Français en Egypte (Tallandier, 1933)
Le Napoléon du Cap, Cecil Rhodes (Tallandier, 1933)

Sous le nom de Georges Salin (8 titres) :
Aniela (Tallandier, 1932)
L’Amour outragé (Bernardin-Béchet, 1932)
Mon cher amour (Librairie contemporaine, 1932)
Le Déchirant amour (Bernardin-Béchet, 1932)
La Pierre du malheur (Tallandier, 1932)
De la Brune à la blonde (Librairie contemporaine, 1932)
Une femme passe (Librairie contemporaine, 1933)
La Danseuse du puits d’amour (Tallandier, 1933)

Sous le nom de Georges de Puvenel (5 titres) :
Suzy (Tallandier, 1932)
Cousinne Yette (Librairie contemporaine, 1932)
L’Imprévu nous mène (Tallandier, 1932)
Un Eclair dans la nuit (Tallandier, 1933)
Le Roman d’une célibataire (Librairie contemporaine, 1933)

Sous le nom d’Oberleutnant Michel T. :
La Surprise,Uberraschung (Tallandier, 1931)

Revues où il a publié des articles :
Le Monde diplomatique
Histoire
Naturalia
Science & Vie
Plaisirs équestres
Revue des études historiques
Le Pays Lorrain (sous le nom de Pierre Demousson)
Le Matin (nouvelles sous le nom de Pierre Demousson, dont Le Grand serpent de mer)
Le Pêle-Mêle, journal humoristique hebdomadaire (nouvelles sous le nom de Pierre Demousson, dont Des Noyés récalcitrants)
L’Aventure (nouvelles sous le nom de Pierre Demousson, dont Un Hiver au Groënland)
La Semaine Vermot (nouvelles sous le nom de Pierre Demousson, dont La Légende de Dorothée)

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